Sacrées femmes #2

art
 

Depuis longtemps me taraudait l'idée de vous partager des oeuvres d'art représentant des femmes puissances à travers la figure de la sorcière, la prêtresse ou la guérisseuse (créées par des femmes ou des hommes qui les ont étrangement sublimées ou diaboliquement enlaidies). Initialement rassemblées sur mon compte Instagram @oeiloctave sous le hashtag de #OeilOctaveSacréesFemmes (si vous avez lu Roald Dahl vous avez la référence) par un court texte et quelques zooms sur des détails des oeuvres, je vous les présente sur le blog ! J'espère que vous y découvrirez ou explorerez d'un oeil nouveau des oeuvres époustouflantes, fantasques, étranges ou déroutantes, toujours singulières.

LA SORCIERE • LUCIEN LEVY-DHURMER

C'est dans une rêverie mélancolique que nous apparaît la sorcière de Lucien Lévy-Dhurmer. Dans une brume enveloppante, son visage parfaitement détaillé contraste avec son vêtement et le décor réalisés avec bien moins de précision. Cela renforce le caractère évanescent et onirique de cette apparition nocturne ! Elle tient dans ses mains une fiole et une baguette sur laquelle un serpent s'enroule, prête à jeter un sort ?

ZOOM SUR

  • Détail 1 : tout y est : l'envol de chauve-souris, emblème de la nuit, et le chat noir, célèbre acolyte de la sorcière !

  • Détail 2 : la sobriété des couleurs fait d'autant plus ressurgir le bleu éclatant choisi pour le serpent et le lézard bleu, deux reptiles symboliquement reliés à la mort de part leur sang-froid et leur capacité à ramper dans les sous-sols (associés au monde de morts)


Lucien Lévy-Dhurmer, La sorcière, 1897, pastel sur papier, Musée d'Orsay, Paris


LA VITRIOLEUSE • EUGENE SAMUEL GRASSET

Une femme rousse tient dans sa main une coupe d'acide sulfurique, autrement appelé vitriol ! A la fin du XIXème siècle, c'est la pratique criminelle à la mode en France. Essentiellement utilisé par les femmes, le vitriol est projeté à la figure des hommes qui les ont trahies. Au coeur du fait divers, Eugène Grasset s'empare de la figure de la sorcière, préparatrice de potions magiques, pour incarner les traits de sa vitrioleuse ! Il opte pour une femme fatale vénéneuse loin des images abondantes d'empoisonneuses hystériques.

ZOOM SUR

  • Détail 1 : la longue chevelure rousse, la robe noire et l'étrangeté de sa carnation ne sont pas sans rappeler l'attirail de la sorcière, mais au lieu de tenir une potion magique ou un chaudron elle tient...

  • Détail 2 : une coupe de vitriol ! Ce détergent pour nettoyer les cuivres est un produit ménager facilement accessible aux femmes au foyer du XIXème siècle. L'arme fatale chez l'épicier !


Eugène Samuel Grasset, La Vitrioleuse, 1897, lithographie, Ecole supérieure des beaux-arts, Paris


LA SORCIERE AU CHAT NOIR • PAUL-ELIE RANSON

Une vieille femme au nez crochu, un chat noir, un corbeau, un bouc, des symboles ésotériques ici et là : nous avons là tout l'attirail des représentations communes de la sorcière (un brin désuet le nez crochu...). Ranson place sa scène dans un univers occulte, dont les figures denses noires ne sont pas sans évoquer les estampes japonaises, inspirations propres au mouvement nabi dont Ranson est le fier représentant !

ZOOM SUR

  • Détail 1 : La posture, accoudée, tête baissée, pensive voire mélancolique, nous rappelle Melencolia de Dürer !

  • Détail 2 : L'heptagramme ou l'étoile à 7 branches symbole de la perfection divine, les sept jours de la Création ou encore les sept planètes du système solaire alors connues des anciens alchimistes.


Paul-Élie Ranson, La Sorcière au chat noir, 1893, huile sur toile, Musée d’Orsay, Paris


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