Sacrées femmes #1
Depuis longtemps me taraudait l'idée de vous partager des oeuvres d'art représentant des femmes puissances à travers la figure de la sorcière, la prêtresse ou la guérisseuse (créées par des femmes ou des hommes qui les ont étrangement sublimées ou diaboliquement enlaidies). Initialement rassemblées sur mon compte Instagram @oeiloctave sous le hashtag de #OeilOctaveSacréesFemmes (si vous avez lu Roald Dahl vous avez la référence) par un court texte et quelques zooms sur des détails des oeuvres, je vous les présente sur le blog ! J'espère que vous y découvrirez ou explorerez d'un oeil nouveau des oeuvres époustouflantes, fantasques, étranges ou déroutantes, toujours singulières.
LES SORCIERES • AUBREY BEARDSLEY
J'inaugure cette nouvelle tradition par un artiste cher à mon coeur, Aubrey Beardsley, et sa représentation des sorcières ! Il illustre deux femmes à la chevelure indomptable pour le roman médiéval Le Morte d'Arthur. On retrouve dans cette lithographie la patte graphique unique de cet artiste psychédélique avant l'heure : le fond noir faisant flotter les figures de façon hypnotique. Mine boudeuse ou regard magnétique, Beardsley dessine des sorcières sensuelles et charismatiques malgré une économie incroyable de moyens !
ZOOM SUR
Détail 1 : Le geste de la main de l'une nous bénit-il, nous maudit-il ? Accompagne-t-il une formule magique ?
Détail 2 : Le profil expressif de la deuxième nous guide vers une troisième chevelure ondulante nous suggérant une troisième sorcière tapie dans l'ombre !
Aubrey Beardsley, Les sorcières, 1892-1893, lithographie, collection particulière
CIRCE INVIDIOSA • JOHN WILLIAM WATERHOUSE
Je convoque Circé, la célèbre magicienne de l'Antiquité greco-romaine, dont la beauté envoûtante n'a d'égal que sa maîtrise redoutable des potions magiques ! Elle est qualifiée par Homère comme "experte en de multiples drogues ou poisons propres à opérer des métamorphes".
Le mythe de Circé, tant dans sa version grecque que dans sa version romaine, passionne J.W. Waterhouse qui peint Circé offrant la coupe à Ulysse pour illustrer l'épisode de métamorphose de l'équipage d'Ulysse, puis Circé Invidiosa en puisant dans les Métamorphoses d'Ovide le passage ou la magicienne empoisonne les eaux dans lesquelles nage sa rivale, la nymphe Scylla. Elle la transforme alors en monstre marin !
ZOOM SUR
Détail 1 : regard imperturbable, absorbée par la tâche précise et délicate de verser sa potion ensorcelée, Waterhouse cache son sein nu par le bras qui tient la coupe
Détail 2 : par contraste avec la représentation de l'eau, la carnation de la peau est saisissante, ses pieds s'affranchissent de la gravité et flottent au dessus de l'eau... mais semblent aussi sortir de la peinture !
John William Waterhouse, Circé invidiosa, 1892, huile sur toile, musée national d’Australie-Méridionale
MYSTERIOSA • JEAN DELVILLE
Voici une iconographie réduite à l'essentiel avec Mysteriosa, du peintre symboliste Jean Delville, dont l'oeuvre toute entière est habitée par l'ésotérisme. Une femme à la chevelure flamboyante rousse tient entre ses mains un épais livre qu'on imagine aisément être un grimoire ! La chevelure de feu n'est pas choisie au hasard. La rousseur est associée à de nombreuses superstitions et fausses croyances depuis l'Antiquité. Lors de l'Inquisition, des personnes rousses sont exécutées par milliers pour simple motif de la couleur de leurs cheveux, alors perçue comme la marque du Diable !
ZOOM SUR
Détail 1 : son regard presque révulsé, perdu dans un au-delà, vient convoquer le spiritualisme, courant en plein essor dans la seconde moitié du XIXème siècle
Détail 2 : sur la couverture du grimoire se trouve un triangle, symbole chrétien de la Trinité c'est aussi le symbole de l'élément du Feu : allégeance au Diable ou livre alchimique ?
Jean Delville, Mysteriosa, 1892, pastel et crayons de couleur sur papier, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
Merci pour votre lecture !
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